«Comme le peintre, face à sa toile, oublie l’image pour ne plus penser qu’à la peinture – qu’il soit, d’ailleurs, figuratif ou abstrait – j’ai progressivement oublié le sujet pour ne voir qu’un équilibre de formes et un rapport de couleurs ».
Par l’abstraction en photographie, avec une grande rigueur de composition jusqu’à une rigueur plus forte encore quand le sujet ne nous rappelle rien de connu, mes photographies sont l’oeuvre d’un instant capté sans aucune retouche.
Ma longue complicité avec les ensembles architecturaux m’ont permis d’en dégager les lignes de force ou les détails suggestifs que notre œil n’aurait pas su discerner.
Pour y parvenir tel un compositeur-réalisateur, j’attends son Moment. Si la luminosité le permet, je me met en quête de rencontres, d’inattendus, le regard et l’esprit curieux, aux aguets. Ainsi, lorsque je déniche ou découvre ma « proie » ; je tourne autour, instinctive. Je guette, cherche, traque, jusqu’au détail, à la forme, à l’élément attraper.
Puis, quand mon œil voit le Sujet, il ne le lâche plus, le scrute, l’analyse, le compose. Il joue de bas en haut à la recherche de lignes, d’équilibres, de sens, de couleurs, de points de lumière. Enfin, il le capture. La prise alors rayonne, vibre et m’offre une véritable jouissance.
La photographie abstraite est une photographie qui réinvente le mouvement en composant avec la lumière et la couleur, elle est pour moi la reconnaissance dans la réalité d’un rythme de lignes, de valeurs et de plans.